Shōgun, la série qui ne donne pas envie de se faire hara-kiri
Quelques jours seulement après la mise en ligne de ses deux premiers épisodes sur Disney+, cette grosse production internationale tournée majoritairement en japonais est déjà un véritable phénomène. Et pour cause : Shōgun occupe avec brio un créneau rare, et ravira les adeptes du Japon médiéval.
Dans les premiers instants de Shōgun, un navire inquiétant émerge de la brume, tel un vaisseau fantôme. Pour un peu, on croirait assister à l’introduction d’une série de pirates. Mais il n’en est rien. Comme son titre l’indique, Shōgun est centrée sur une autre période qui ne cessera jamais de fasciner, celle du Japon féodal.
Il y a pourtant un lien entre les deux, puisqu’à bord de ce bateau se trouve John Blackthorne, un navigateur anglais qui passe pour un pirate lorsqu’il s’échoue sur une plage japonaise où il ne comprend évidemment rien de la langue parlée.
Nous sommes en 1600, et ce que Shōgun raconte, c’est un choc des cultures entre un homme européen volontiers rustre – joué par un Cosmo Jarvis qu’on avait déjà vu bien enragé aux côtés de Barry Keoghan dans Calm With Horses – et un Japon médiéval dont le développement est très avancé, mais où la crise couve.
Car en l’absence d’héritier du trône en âge de gouverner, cinq régents se disputent le rôle de shōgun (le général - celui qui dirige dans les faits). Parmi eux, on trouve Toranaga – inévitable Hiroyuki Sanada, connu notamment pour ses rôles dans Lost et Westworld –, un seigneur de guerre acculé par ses quatre collègues et qui va trouver en ce pirate anglais un improbable allié.
Encore faut-il se comprendre, mais ça tombe bien, il a justement sous la main une interprète capable de parler le portugais (les Portugais sont les premiers européens à débarquer au Japon dès 1543), Mariko, une traductrice catholique qui manie aussi le sabre et qui est le meilleur personnage de la série – grâce à l’interprétation hypnotisante d’Anna Sawai, décidément incontournable en ce moment après Pachinko et Monarch: Legacy of Monsters sur Apple TV+.
Mais outre la qualité de ses personnages féminins, Shōgun se distingue surtout par le choix de son point de vue, puisque plutôt que de raconter une énième fois un choc culturel du point de vue occidental – comme la première adaptation en série du roman de James Clavell en 1980 –, elle donne la priorité aux protagonistes japonais, qui s’expriment tous dans leur langue et qui évoluent dans des décors et des costumes grandioses qui font honneur à la civilisation nippone.
Ajoutez des batailles spectaculaires, une violence crue et des intrigues politiques complexes, et vous obtenez peut-être la nouvelle grande série épique d’époque que l’on n’osait plus attendre.
SHOGUN épisodes 1 à 10 sur Disney+, disponible avec CANAL+.