La trilogie Ocean’s, sommet de la coolitude hollywoodienne

On a parfois tendance à l’oublier, la saga AVENGERS de Marvel Studios n’a pas inventé l’idée de rassembler dans un même film une ribambelle de héros aux pouvoirs bien spécifiques.

Bien avant qu’Iron Man, Thor, Hulk et compagnie ne fassent exploser le box-office dans les années 2010, Steven Soderbergh a rassemblé les plus grandes stars de son époque dans un projet un peu fou, OCEAN’S ELEVEN (2001), remake d’un film de casse de 1960 (L’INCONNU DE LAS VEGAS) où jouait le fameux Rat Pack de Frank Sinatra.

Cette fois, le personnage principal de Danny Ocean est joué par un acteur alors en pleine explosion (George Clooney), qui recrute onze experts dans des domaines bien précis pour réaliser le casse du siècle à Las Vegas. Soit le vol simultané de trois célèbres casinos détenus par un antagoniste incarné par Andy García, qui est aussi en couple avec l’ex-femme de Danny Ocean, jouée par une certaine Julia Roberts.

Cela suffit à situer le niveau du casting du film, où l’on retrouve entre autres un Brad Pitt au sommet de sa beauté, un jeune Matt Damon au visage encore poupon ou encore Casey Affleck et Don Cheadle, tandis que les suites OCEAN’S TWELVE (2004) et OCEAN’S THIRTEEN (2007) ajouteront à chaque fois de nouvelles têtes connues, d’un Vincent Cassel alors débutant aux Etats-Unis à Catherine Zeta-Jones en passant par Al Pacino.

Ce véritable All-Star Game du Hollywood de l’époque est l’occasion pour ces stars – amies dans la vraie vie – de s’amuser devant la caméra de Soderbergh en s’envoyant des vannes avec un mélange de décontraction et de sophistication jamais égalé depuis.

Car dans la trilogie OCEAN’S, le scénario abracadabrantesque – et riche en twists – des casses n’est pas le plus important. Si l’on revoit toujours ces films aujourd’hui, c’est d'abord pour le plaisir de voir des acteurs beaux comme des dieux et très bien habillés ne pas se prendre du tout au sérieux dans la folie des casinos de Las Vegas.

Il y a dans cette saga un je-ne-sais-quoi magique propre à cette époque où la bande de George Clooney incarnait à la perfection le glamour hollywoodien et une forme de coolitude absolue, bien aidée il est vrai par quelques scènes devenues cultes : le personnage de Brad Pitt (Rusty) qui passe son temps à manger, Vincent Cassel qui danse la capoeira au milieu des lasers dans le deuxième épisode, le recrutement de Reuben au bord de la police…

Bref, à l’inverse des films AVENGERS – où les super-héros effacent les acteurs derrière –, la trilogie OCEAN’S n’a d’yeux que pour son casting, pleinement conscient du star power qu’il incarne et n’hésitant donc pas à jouer avec, pour le plus grand bonheur d’un public qui voit d’abord George Clooney avant de voir le personnage de Danny Ocean.

En ce sens, ces films symbolisent aussi une période révolue où les stars hollywoodiennes étaient encore toutes-puissantes – et où personne ou presque ne voyait le problème avec un casting quasi exclusivement masculin. Heureusement, la saga a su se réinventer sans se trahir avec le casting féminin d’OCEAN 8 (Gary Ross, 2018), et on attend toujours la suite prévue avec Margot Robbie et Ryan Gosling.

Mais on ne retrouvera sans doute jamais vraiment le frisson d’excitation ressenti lors de la découverte du casting d’OCEAN’S ELEVEN.