Blitz, le grand film de Steve McQueen sur la Seconde Guerre mondiale
Sorti très brièvement dans les salles de cinéma, le nouveau long-métrage du réalisateur britannique est un film d’époque impressionnant aux allures de conte initiatique. Et si Saoirse Ronan est la star de Blitz, le jeune Elliott Heffernan s’y révèle.
Dans la grande Histoire de la Seconde Guerre mondiale, il existe peu d’épisodes aussi fascinants que le Blitz, cette période pendant laquelle l’aviation allemande a pilonné le Royaume-Uni avec un incessant tapis de bombes afin de briser son moral. Mais comme Steve McQueen n’est ni un réalisateur ni un scénariste comme les autres, il a décidé avec BLITZ de raconter aussi les travers persistants de son pays comme le racisme.
Son film met donc en scène George (Elliott Heffernan), un petit garçon noir de 9 ans envoyé par sa mère Rita (Saoirse Ronan) à la campagne pour le protéger des bombardements qui asphyxient Londres. Le problème, c’est que le jeune George n’arrive jamais à destination, car il veut à tout prix revenir auprès de sa maman et de son grand-père Gerald (Paul Weller du groupe mod The Jam, que l'on découvre très bon acteur). Et réciproquement, sa mère veut évidemment le retrouver.
Ce déchirement de l’éloignement forcé est le point de départ de BLITZ, qui après une introduction très spectaculaire trouve vite son rythme de croisière de film d’époque initiatique, avec un George qui affronte des épreuves violentes et un univers hostile à un âge où il ne devrait pas connaître la gravité du monde, et encore moins celle de la guerre.
Toute l’idée de Steve McQueen consiste à le confronter à une société en guerre toujours structurée par le patriarcat, la lutte des classes et le racisme. Mais outre son évidente portée politique qui le voit réhabiliter des figures négligées de l’effort de guerre – les femmes, les noirs et les enfants –, BLITZ est aussi un magnifique objet de cinéma qui rappelle à quel point le regard de Steve McQueen est précieux.
Clairement inspiré par l’académisme du Spielberg de la grande époque – on fait pire compliment –, le réalisateur oscarisé pour TWELVE YEARS A SLAVE (2013) il y a dix ans déjà collabore aussi pour la première fois avec le fameux chef opérateur français Yorick Le Saux, qui saisit des images nocturnes sidérantes d’un Londres en proie aux flammes et au chaos absolu, le tout accompagné par la bande-originale dissonante d’un Hans Zimmer en très grande forme.
Et dire qu’on n'a pas encore évoqué le casting, mené par le talent générationnel de Saoirse Ronan (LES FILLES DU DOCTEUR MARCH, Greta Gerwig), décidément toujours très à l’aise dans les films d’époque, et accompagnée ici par l’inévitable Stephen Graham (TIME, THE CHEF) et surtout une flopée de jeunes talents en pleine ascension : Harris Dickinson (SANS FILTRE), Erin Kellyman (FALCON ET LE SOLDAT DE L’HIVER, WILLOW) ou encore l’artiste Benjamin Clementine.
Quant au jeune Elliott Heffernan, on peut parier qu’on le reverra très bientôt, en espérant qu'il aura droit cette fois au grand écran.
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